Courant mai, les plongeurs de l’entreprise Géomines se sont mis à l’eau. Leur mission ? Mettre un nom sur les 90 objets métalliques non identifiés qui reposent par dix à quinze mètres de fond dans la rade.
Les cibles ont été géolocalisées à l’aide d’un sonar, couplé à un magnétomètre. L’appareil a détecté des anomalies magnétiques. S’agit‑il de bombes larguées par les Alliés au cours de la Seconde guerre mondiale ? La zone à draguer est éloignée du centre historique. Les plongeurs rencontreront plus probablement une machine à laver ou une voiture. Dans le cas contraire, ils débusqueront des pièces de 50 à 500 kg pouvant contenir jusqu’à 250 kg d’explosifs - du même calibre que les bombes découvertes régulièrement sur les chantiers de terrassement en ville.
Des macrodéchets…
Les spécialistes de la dépollution sous‑marine travaillent en équipe de trois. Reliés à la surface par un « narguilé », toujours en communication radio, les scaphandriers fouillent la vase avec une lance‑incendie et un gros aspirateur pour démasquer les cibles. « On peut trouver toute sorte de choses : des pneumatiques, des câbles, des pièces métalliques… », explique Mickaël Robert, chef de projet. Ce qu’on appelle les « macrodéchets » sont hissés hors de l’eau pour faire place nette grâce à des barges équipées d’engins de levage. Direction la déchetterie ou la filière de recyclage ad hoc.
… et un risque minime
Les opérations - très méticuleuses - vont durer deux mois. « Si on repère un engin explosif, on ne touche à rien. On contacte les services de déminage de la Protection civile qui le neutraliseront », complète Mickaël Robert. Quelle est la probabilité de dénicher une bombe américaine plus de 70 ans après la Libération ? Ou même un obus de la défense anti‑aérienne allemande ? « Le risque est faible mais il n’est pas nul. D’importantes opérations de dragage ont déjà été menées après la guerre. On met en œuvre le principe de précaution ».
L’entreprise varoise a de l’expérience. Géomines procède actuellement à une campagne de dépollution pyrotechnique dans l’arsenal de Toulon. Elle est déjà intervenue pour les mêmes raisons au port autonome de Marseille.
Trois semaines après la première plongée dans la rade de Brest, aucune bombe sous‑marine n’avait encore été repérée.